
mon visage est un masque qui cache ma honte toute rouge. de ne plus entendre les pas des jetés, et des pieds en glissés. de ne plus blêmir des justaucorps de quadrilles en manège. de l'air qui bouge et de la sueur qui ruisselle de vos tours piqués. mon visage est un masque épais, à peine percé d'un œil trou qui relie vos arabesques au tourbillon bouillonnant de mon sang enfermé dans mes rares endroits de vie. ma pupille qui se ferme et s'ouvre à l'unisson d'une symphonie d'étoiles et de coryphées.
et sur ma joue insensible, cette putain de larme qui coule et que je ne sens pas. qui ternit les derniers déboulés déchaînés de grâce et de beauté, et que je chasse en clignant. et plus je cligne, plus je pleure et mon sang incolore se déverse sur ma joue et me vide. je voudrais pleurer entièrement, à me délivrer de mon poids infini, de mes amarres sclérosés pour l'éternité, pour que ma carcasse vidée sèche et s'arrache aux courants de vos fouettés en dedans et en dehors.
aujourd'hui je danse avec celle que j'aime.
extrait de la Nouvelle Adages de lebrouillondefinitif.com, publié chez Usbek & Rica n°3.
photo lebrouillondefinitif de Thu-Anh Nguyen, performance 2012 sur Blanc/Contours