(c) 2018

Première mémoire 5
Horizontal-Nolette 6
Victoire magistrale 7
Sur le dos 8
Durian 9
Betta Vulgaris 10
La tête dans les pieds 12
Les toits 14
Première nuit 16
La rose rouille 18
Les heures orphelines 19
Banderilles 21
Sardines 22
De l’ocre et du sang 23
Derrière la vitre 24
Mycélium 25
Falaise 26
La toile 28
21 décembre 29
Mon chien 30
Heavy metal 31
Suspension 32
Gruyère 34
Café catin 35
Père et mère 37
Le pont-levis dans un dos 39
Glaces 41
Cinéma 42
Casino nano 43
Escapade 44
Les jours touareg 45
Bentham 46
Jardin 47
Que brusquement, le temps change 49
Porno 50
Respiration et réconciliation par les pores 51
Tocades et bagatelles 52
Hymne aux ébahis 53
Mâts de cocagne 54
580 kcal/l 55
Effondrement sous l'empire 56
L'occasion de dégager nos sens 57
Voyez comme le feu 59
C'est notre sort 60
Bénis ces yeux fatigués 61
A tous les sens 62
Au revoir, ici 63
Fragments païens en prière 64
Symphonie 65
En collusion avec les vagues 66
Proportion exacte des contours 67
La fin du travail 68
Jeune rue 69
Récréation 70
Je ne saurais vous dire la jouissance que me donnent vos lèvres 72
Une couleur comme mémoire 73
Autopsie d'une attente 74
Hic suntdracones 75
Almanach 76
Mire noire 77
Though dead he still liveth 78
Des débris et des galets 79
Structure 80
Consolation 81
De ce talus si bas 82
Le seul truc utile de la journée 83
De façon à mériter 84
Le siège de l’eau 85

​Presser les cailloux jusqu’à ce qu’ils coulent en compost.

​C’est là, amour, dans les battements du tambour, dans le suspendu de la note, que se dessine ma ligne de vie, elle tranche mon dos sur toute la longueur comme la vallée du bois de Cise. Pourvu qu’on y trouve les célèbres jacinthes bleues ! Là, elle baille comme un fruit mûr, elle se contemple nue dans un miroir, elle s’applaudit puis fait la moue. Elle a l’impertinence de la jeunesse, quel culot, à presque cinquante ans. Parce que lorsqu’elle sera remplie par l’entièreté des énigmes résolues, elle aura tout mis en équations, les vélos en occurrence, nos nuits et mes jours, les mômes dans les bras, nos portés de papier. Une ligne de vie qui sépare l’ennui des arbres sans vent, des illusions que tout est en ordre. Quand la sécurité dans le nombre intervient, elle se met en contingences qu’elle peigne, classe, range comme mon sac pour l’hosto, elle sème des traités de mathématiques dans des sillons creusés à grand coup de bèches épileptiques, dans un vacarme de crocs et de griffes. Elle claque sa langue avec mépris, avec ses airs doctes, sévères, solennels. Il ne manque ce soir que de grandes ombres qui dansent dans mes mains tremblantes.

Squeeze the pebbles until they turn into compost. It is here, love, in the drum beat, in the suspended note, where spreads my line of life, she slices my back on the whole length like the valley of the Cise forest. Provided we can find there, the famous blue hyacinths! Now, she yawns like a ripe fruit, she contemplates herself naked in a mirror, she applauds and then pouts. She has the impertinence of youth, what a nerve, at almost fifty. Because when she is filled with all the riddles solved, she will put everything in equations, the bikes in occurrences, our nights and my days, the kids in my arms, our paper lifts. My line of life separates boredom from windless trees, from the illusions that everything is in order. When the security in the number intervenes, she puts herself in contingencies that she combs, class, ranks like my hospital bag, she sows mathematical treatises in furrows dug with big digs of epileptic spades, in a din of fangs and claws. She slaps her tongue scornfully, with her learned, severe and solemn attitude. Tonight, the only absentees are big shadows dancing in my trembling hands.