Tous les endroits sont réels et rentrés dans l'histoire lors de la Commune de 1871.
Ce texte est l'épilogue inédit d'un autre texte qui avait eu l'honneur d'être publié dans la revue n°3 d'"Usbek & Rica" en décembre 2010, sur le thème "le futur à peu de choses près".
ps: l'absence de majuscules est délibérée. fin des privilèges oblige... même en typo
arrivés au belvédère, pour voir la ville brûler.
et ces feux qui transpercent ce ciel d’encre et de neige. d’autres brasiers répondent à ceux qui s’effacent dans paris en contrebas--- entre incrédulité et délice, l’on revient sur ces assauts qui se répondent d’un quartier à l’autre et à d’autres villes-----paris vidée de ses enfants et de ses vieux, ...dans une partie de cache-cache entre insurgés et institutionnels----paris plongée dans l’obscurité des fenêtres et des voitures éteintes, s’allume finalement dans le reflet neigeux des feux de rue.
vers saint fargeau, on comptait une cinquantaine d’hôtels particuliers avec leurs jardins et leurs cours privatives. il n’en reste rien.
au temple de la sibylle, on croise les spectres de communards qui assistent ahuris aux échangent fébriles sur ce que l’on récupère et ce qui nous manque. le chemin des aiguilles comme synapse essentielle entre bolivar et crimée, fourmille de silhouettes pressées et cagoulées----belleville déverse dans la bien nommée notre-dame des otages, les gueules hébétées d’uniformés qui tête basse, ignorent ce bout de mur où d’anciens fusillés leur font désormais la nique.
impossible de savoir quand tout a commencé. ----serait-ce sur ces barricades où ma main colmatait ce trou béant sur ton front. ----ou avant, quand les rues se sont remplies de millions de têtes en cortèges sans fin, qui n’ont pas reculé ? ----lors des premiers sabotages? ----lorsque les tours se sont vidées, sans électricité, et puis fatalement sans eau? ----lorsque les écoles se sont vidées, lorsque les voitures dans un ballet centrifuge ont quitté les villes? --quand le dernier camion entra dans paris ? --ou le dernier appel au calme de ce ministre poisseux aurait-il fini d’excéder le dernier résigné ?
belleville, jourdain, pyrénées, ménilmontant, gambetta. ----les manifs qui restent, les tentes qui se plantent et qui restent. ----les idées et la hargne qui germent et qui restent. imperméables aux psychotropes sociaux qui endorment nos rages qui affleurent et disparaissent avec la télécommande, l’alcool, le comprimé, le pote ou le ticket resto gagné sur le patron. ------la pub, la com, le discours, le débat inutile et ringard qui passe en boucle sur les ondes comme du bromure. ----et puis cette fulgurance collective, comme une évidence, que l’on est arrivé au bout.
sous la cagoule, un cheminot effervescent raconte le saccage des centres de contrôle. ----ce flic démissionnaire s’excite sur une carte criblée de rouge qui marque tous les points de blocage de la ville. -----le routier d’à-côté explique fiévreux la paralysie du périph’ avec une petite cinquantaine de camions. ----les virus sur les applications bureautiques accélèrent la déroute. -----la diffusion sur internet des listings d’adresses des militaires, gendarmes, policiers et dirigeants publics et privés parachèvent la démission du pouvoir. ----en trois semaines, la plupart des grandes villes se seront vidées en un contre exode rural historique.
sous la neige qui cache chastement les débris d’un printemps à venir, je passe devant les buttes-chaumont, où un panneau insignifiant annonce le « doublement des espaces verts, le dégagement des perspectives, la création de cheminements de piétons et d'équipement collectifs. travaux considérables en cours ».