Nous aurons fait tomber les somnambules. En chemin vers Étretat, sur le couronnement de la falaise, nous réaliserons que nous n’ignorons plus notre passé. En surplomb de la marée montante, nous comprendrons qu’il faudra encore travailler à notre réhabilitation. Il faudra nous débarrasser de nos couleurs, et troquer nos fulgurances pour des strophes aux accents de « poésie pour rien ». Il faudra passer nos idées au crible de l’inutilité comme nouvel étalon. Il nous faudra renoncer aux victoires sur l’autre et à l’autorité. Simplifier nos méandres et renoncer à nos acharnements. Une femme s’abaissera pour ramasser, avec une emphase préméditée, des objets orphelins, sans plus d’usage. Et sur le champ, d’autres mains s’activeront à les transformer en totems effrayants. Le long de notre route, nos traces signent des promesses purulentes de contremande. Comme un sillon vénéneux invitant les autres à nous éviter. Notre poésie discutera des vérités nécessaires, mais ce sera notre seule concession à nos vies d’avant.
Against the idea of duty
We will have made sleepwalkers fall. On the way to Etretat, on the crowning of the cliff, we will realize that we are no longer ignorant of our past. Overlooking the rising tide, we shall understand that we will still have to work on our rehabilitation. We shall get rid of our colors, and to exchange our flashes for stanzas with accents of a “poetry for nothing”. We shall pass our ideas with the sieve of uselessness as our new standard. We must renounce victories over the others and authority. Simplify our meanders and tooth & nail fights. A woman will bend down to pick up, with a premeditated emphasis, orphan objects, without further use. On the spot, other hands will turn them into frightening totems. Along our route, our tracks sign purulent promises of repulsion. Like a poisonous furrow inviting others to avoid us. Our poetry will discuss the necessary truths, but it will be our only concession to our previous lives.