- Yvonne Levasseur la taciturne. Paria parmi les siens. A jouer avec les vagues et le vent, à invoquer des rafales qui ne tardent pas à arriver. Elle semblait pareillement jouer avec la houle. Elle copiait les vagues, les étirait, les calmait, les sculptait dans un manège énigmatique qui n'amusait plus personne. Elle s'abritait avant qu'il ne pleuve pour ressortir au plus fort de la drache.
- Les fils du père Lecat l'avaient surprise gesticulante, bras en l'air. Parlant fort et seule, à suivre le vol des chevaliers gambettes en anticipant leur parcours.
- Pour tous, elle serait donc au pire crétine, au mieux, une illuminée bidimensionnelle, sans intérêt, inexistante.
- On lui trouva bien ce travail à la serrurerie, où elle excellait, mais elle n'en revendiqua jamais rien.
- Elle venait et repartait comme les vagues sur la grève.
- A ne jamais rire, ou plutôt à ne rire qu'à l'écart des autres, elle avait fini par décourager jusqu'à ses sœurs, incapables de nouer une quelconque complicité avec cette aînée ratatinée. Elle désolait ses parents tantôt par sa laideur, tantôt par son anonymat.
- Et puis, où qu'elle se trouve, Yvonne Levasseur semblait ailleurs, captée par quelque réalité parallèle impénétrable.
'Ault', extrait des voyages immobiles autour de mon lit, Ed. lebrouillondefinitif.com (c) 2013.5/16/2013
Credit photo (c) Falero.
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